Pourquoi payer un photographe professionnel à Tahiti?

La question peut sembler originale et pourtant, elle soulève de nombreux amalgames et de nombreuses idées reçues.

La question en plus d’être originale, peut aussi donner lieu à de houleux débats. Dans cet article, je vais tenter de manière factuelle et sans prétendre détenir la vérité, je vous donne juste un avis personnel, de vous expliquer pourquoi il faut payer son photographe (ou pourquoi payer son modèle, son coiffeur, sa MUA, … c’est valable pour tous les métiers artistiques et tous les métiers de manière générale) et pourquoi photographes amateurs et photographes professionnels peuvent tout à fait co-exister sans se marcher dessus.

Photographe: un métier à part entière

Première chose qui peut paraitre anodine mais qui est d’une importance capitale, le photographe professionnel gagne sa vie avec son art, la photo. Il n’arrondi pas ses fins de mois ou ne fait pas cela uniquement pour le plaisir, mais c’est aussi son métier, celui là même qui lui permet de vivre, de payer ses frais et de se verser un salaire.

Le photographe pro s’il peut avoir sa touche (il est même souvent choisi pour son style, c’est normal), doit répondre à un brief client. S’il peut proposer sa vision, elle doit s’adapter à chaque client. Une phase de découverte client est indispensable pour bien cerner le besoin. Pour cette raison d’ailleurs, le professionnel est payé en échange d’un service.

L’amateur quant à lui, peut réaliser des séances photos mais il n’a, en théorie, pas la possibilité de facturer son client car ce n’est simplement pas son métier.

Pour vous donner un exemple simple, je pars du principe que si j’ai besoin de boire une bière chez un ami, il m’offrira une bière fraiche qui sort de son frigo que nous dégusterons entre amis. Il ne me fera très certainement pas payer (ou alors ce n’est pas un ami 😊), c’est un moment convivial entre amis, qui n’a rien de professionnel.

Si par contre je m’autorise à prendre un cocktail dans un hôtel, avec un service professionnel, tout le monde s’accorde à dire qu’il faudra payer ce cocktail, pour rémunérer l’ensemble des équipes et les achats de matière première. En photo, c’est un peu pareil.

Photographe professionnel: matériel, usure, risque, …

En tant que photographe professionnel sur Tahiti, nous nous devons d’être équipé pour répondre à des besoins clients. Le matériel a un coût. Ce matériel est souvent acheté en double pour ne pas risquer la panne et demande un entretien onéreux lui aussi. Cet entretien est d’autant plus coûteux ici en Polynésie en raison du climat. En ce qui me concerne, pour ne vous parler que d’une petite partie de mon organisation, quand je rentre d’un shooting, il y a un certain rituel:

  • décharger les photographies sur ordinateur en double sauvegarde

  • ouvrir les capuchons avant des objectifs

  • nettoyer objectifs et appareils

  • placer l’ensemble du matériel dans un lieu sec et lumineux à la clim pour limiter au maximum les champignons qui peuvent se développer dans les optique et les rendre inutilisables

  • commencer le tri des photos

  • télécharger les photos en ligne pour vous en donner l’accès au plus vite (moins de 24h en général)

  • revenir vers vous pour vous donner le lien et les codes d’accès

Ce travail prend un temps variable mais après une séance photos traditionnelle, rarement moins d’une heure.

Au dela de cette organisation, le matériel a un coût et un coût d’amortissement qui induit les tarifs proposés. . Peut-être ne le savez-vous pas mais un appareil a une durée de vie ou en tout cas est “garanti” pour un nombre de déclenchements donné. Ce nombre varie d’un appareil à l’autre et d’une marque à l’autre. Disons qu’aujourd’hui ce chiffre est annoncé en moyenne entre 100 000 et 500 000 déclenchements. Même si nous prenons une moyenne de 250 000, quoi qu’il en soit le déclenchement d’une photo à un coût. En numérique, contrairement à l’argentique, des déclenchements, nous en faisons beaucoup. Je parle là de l’appareil photo en lui même car c’est lui qui s’use le plus et le plus vite, mais ici en Polynésie, les objectifs sont plus fortement malmenés qu’ailleurs principalement à cause du climat chaud et humide particulièrement propice au développement de champignons qui peuvent rendre caduc des objectifs onéreux à plusieurs centaines de milliers de francs.

En tant que professionnel, je connais les astuces et les bonnes pratiques pour limiter les risques mais encore une fois cela a un coût.

En payant votre photographe professionnel, vous faites fonctionner l’économie locale, c’est certain, mais vous vous garantissez également un niveau de service. En tous cas, en ce qui me concerne je fais toujours de mon mieux pour vous satisfaire et je suis certain que mes homologues ici à Tahiti ou en Polynésie en font autant.

Photographe professionnel: la partie immergée de l’iceberg

Le métier de photographe fait rêver. Il est depuis de nombreuses années dans le top 10 des métiers que l’on rêverait d’exercer.

Dans l’inconscient collectif, le photographe c’est la personne cool qui a un appareil photo, qui appuie sur un bouton et passe d’un shooting photo de mode à l’autre.

Dans la vraie vie, bien que j’adore réellement ce métier, qui est un choix du coeur et avant tout une passion, être photographe professionnel est un peu plus complexe.

Premièrement, la partie shooting photos ne représente malheureusement qu’une part infime du métier. Surprenant non? En réalité, le professionnel qui doit vivre de son art se doit d’être multifonctions ou multicasquettes:

  • commercial pour trouver des clients

  • webdesign pour créer son site

  • webmaster pour gérer son site

  • community manager pour se faire connaitre sur les réseaux sociaux

  • comptable pour se faire payer ses factures

  • retoucheur pour corriger et sublimer les photos (une partie bien souvent sous estimée qui me prend au moins autant de temps que la séance photos et bien souvent 2 fois plus de temps)

  • parfois un peu magicien pour des retouches photoshop complexes

  • et enfin photographe (quand il a le temps 😉)

Et oui, cela prend du temps, de l’énergie mais c’est aussi ce qui fait parti du métier et de la beauté de ce métier.

Au dela du temps passé et des compétences à développer, il faut aussi souligner toutes les dépenses auxquelles on ne pense pas:

  • site internet

  • abonnement logiciels (et il y en a beaucoup)

  • assurance pro

  • abonnement stockage

  • disques durs

  • ordinateurs

  • Ecrans

  • imprimantes

  • sonde de calibrage

  • Papiers photos

  • publicité

  • matériel de studio

  • déplacements (frais kilométriques par exemple)

  • électricité (clim en particulier pour la conservation du matériel dans des conditions optimales)

  • … la liste est longue et parfois le photographe a aussi un studio, donc un local, bref, pas si simple en fait hein 😊

Vous me direz, un peu comme dans n’importe quel métier. Et vous auriez raison. Cependant, et pour une raison que j’ignore un peu, cela ne pose aucun souci de payer quand on va chez le coiffeur par exemple, mais le photographe lui, c’est différent. On lui demande toujours des “collabs” en lui faisant miroiter une bonne pub. C’est sympa, et je vais vous dire la vérité cela ne me dérange pas dans certain cas, car des collabs, j’en fais aussi. Cependant, je ne peux pas vivre si je ne fais que ça, et parfois, certains ne l’entendent pas ainsi et pensent que photographe professionnel, ce n’est pas un métier… et portant, vous l’aurez compris, le métier de photographe demande du temps et de l’investissement.

Malgré quelques idées reçues auxquelles je mène la vie dure, je suis très heureux dans mon métier et encore plus depuis mon retour au fenua! #fierdetrederetour

Alikaphoto

Photographe professionnel en Polynésie française, sur l’ile principale de Tahiti ainsi qu’à Moorea.

https://alikaphoto.com
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