Calibrage écrans sur Tahiti
Je calibre tous les écrans que j’utilise et j’en ai cinq au total. Ce n’est pas rien, mais avec le temps j’ai appris à bien gérer ce petit rituel. En général, je procède à une calibration tous les deux à trois mois. Certains photographes ou graphistes que je connais le font toutes les semaines, avec une rigueur quasi militaire, mais de mon côté je n’en ai jamais ressenti l’absolue nécessité. À vrai dire, je préfère trouver un juste équilibre entre précision et pragmatisme. Toutefois, comme j’aime travailler dans des conditions fiables et constantes, je me suis imposé une sorte de discipline : en moyenne, j’opte pour un calibrage mensuel. Il m’arrive même parfois d’espacer un peu plus, selon mes périodes de travail ou les projets en cours.
Ce calibrage n’est pas toujours motivé par une réelle dérive de mes écrans, mais plutôt par ce que j’appelle un "acquis de confiance". En d’autres termes, c’est une manière pour moi de m’assurer que ce que je vois est bel et bien juste. Finalement, c’est un peu comme quand on fait réviser une voiture : on sait que tout va bien, mais on préfère vérifier pour travailler l’esprit tranquille. Et puis, avec mes écrans Eizo, je dois bien avouer que les couleurs évoluent très peu au fil du temps. C’est une vraie qualité de ces moniteurs haut de gamme : une stabilité remarquable qui limite les mauvaises surprises. On gagne en sérénité, et ça, ça n’a pas de prix.
Cependant, il y a quelques jours, j’ai eu droit à une expérience un peu différente. J’arrive un matin au studio, café encore fumant dans la main, j’allume mon Mac Studio comme à mon habitude, et là… surprise. L’un de mes écrans m’affiche une teinte vraiment étrange, immédiatement perceptible, presque agressive à l’œil, surtout quand on a 2 autres écrans parfaitement calibrés juste à côté. La différence sautait aux yeux, impossible de l’ignorer. Dans mon métier, ce genre de décalage peut sembler anodin pour le grand public, mais pour nous, c’est tout simplement rédhibitoire : imaginez corriger une photo et se rendre compte ensuite que tout tire vers le magenta ou que les ombres sont bouchées à cause d’un écran capricieux.
Ni une ni deux, je dégaine la sonde de calibration. C’est devenu un geste quasi automatique, une sorte de réflexe professionnel. Je viens d’ailleurs d’en racheter une pour calibrer mon dell Ultrasharp, mon BenQ et mon MacBook Pro. Mais il y a tout de même une étape incontournable : le temps de chauffe. Impossible de calibrer un écran froid, il faut attendre au moins une bonne demi-heure avant de lancer la procédure. Alors je patiente, je réponds à quelques mails, je trie deux-trois dossiers et je savoure tranquillement mon café. Ces moments font partie du rituel aussi, et quelque part, je les apprécie. Et oui, y compris à tahiti, être photographe ne veut pas dire uniquement faire des photos de modèles expérimentés alors parois un bon café, c’est pas mal ;)
Une fois la demi-heure écoulée, je lance la calibration. Avec ColorNavigator d’Eizo, c’est franchement un plaisir. Le logiciel est simple, rapide et terriblement efficace. En trois minutes à peine, l’écran retrouve toute sa justesse. Je n’ai même pas le temps de me lever de ma chaise que le processus est déjà terminé. Et là, comme par magie, les couleurs se réalignent, fidèles, équilibrées, prêtes à me donner l’assurance nécessaire pour attaquer une nouvelle journée de travail.
Je travaille la plupart du temps en Adobe RGB, un espace colorimétrique plus large que le sRGB classique. Pour certains, ça peut sembler un détail technique, mais en réalité, ça change tout. L’Adobe RGB permet d’obtenir une profondeur et une richesse de teintes qui se rapprochent bien plus de ce que l’œil humain peut percevoir. Dans la photographie ou la retouche, c’est un atout considérable. Bien sûr, cela suppose aussi d’avoir une chaîne graphique cohérente, depuis la prise de vue jusqu’à l’impression, sans quoi cet espace élargi perd une partie de son intérêt. Et pour la partie impression, vous le savez désormais, je suis équipé de 2 superbes imprimantes.
En y repensant, je réalise à quel point la calibration est une étape souvent négligée par les amateurs et nombre de professionnels, alors qu’elle est essentielle. Beaucoup pensent que leur écran "sort d’usine" avec des réglages parfaits, mais en réalité, la dérive des couleurs peut être subtile et insidieuse. Ce n’est qu’au moment de l’impression ou de la diffusion sur un autre support que l’on se rend compte des écarts, parfois énormes. La calibration, c’est un peu comme accorder un instrument de musique : on peut jouer sans le faire, mais le rendu sera toujours approximatif.
Avec le temps, j’ai développé une sensibilité particulière à ces nuances. Je remarque des écarts que d’autres ne verraient pas. Certains pourraient trouver ça exagéré, voire obsessionnel, mais c’est justement cette exigence qui permet de garantir une cohérence dans mes projets. Après tout, quand on passe des heures à travailler sur une image, il serait dommage qu’elle ne rende pas justice à l’intention initiale simplement parce qu’un écran n’était pas correctement calibré.
Ecran professionnel de la marque Eizo, réputé pour son excellence dans les couleurs.
Voila, c’était un petit billet sur la calibration que l’on réalise aussi sur notre petit fenua, comme tout bon photographe.
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